ANALYSER LE DISCOUR D'E.MACRON...

ANALYSER LE DISCOUR D'E.MACRON...

...SOUS L’ANGLE DE LA COMMUNICATION INTERNE ?

POURQUOI PAS ? ET EN TIRER DES ENSEIGNEMENTS POUR VOS ACTIONS D’ENTREPRISE ?
ALLEZ ON SE LANCE
“Nous sommes en guerre”

Oui, plus de 30 millions de Français ont regardé le discours du Président le 16 mars à 20 heures. Un record d’audience bien sûr. Émotion, mots choisis, recadrage, vision, transparence, sueurs et larmes, espoir… chacun a entendu ses propres mots-clés, chacun a un avis, une idée, un sentiment. Les commentaires sont nombreux à la fois sur la forme, la durée et à la fois sur la persuasion et l’impact.

Comme chef d’une grande organisation, la France, E. Macron se livre à un exercice passionnant du point de vue des méthodes de communication. Les professionnels qui nous lisent auront détaillé les moments forts du discours, les silences, les envolées, les poings levés, les regards.

Le moment pour la France est grave, nous le savons tous, des vies sont en jeu et les équipes de professionnelles et de professionnels de la santé mettent tout en œuvre pour nous protéger. Nous leur devons respect et remerciement.

Notre propos est bien plus léger, superficiel. Nous allons nous attacher à vous partager 2 sujets qui nous semblent instructifs pour vos projets de communication interne dans votre organisation. Et heureux bien sûr d’échanger avec vous.

1. Le moment / Le média

2. L’intention, l’ambition, l’état d’esprit

1. Sans aucun doute, l’intervention de E. Macron était nécessaire. Incontournable. Avec l’urgence de la situation, avec la nécessité de mobiliser, de donner du sens, de recadrer. Ne pas le faire à ce moment aurait été une faute, ne pas le faire de façon aussi directe, personnelle, engagée aurait généré un manque d’effet. Oui, l’émetteur devait être le Président, avec solennité. Pour marquer les esprits, pour rassembler tous les Français.

Avec un ton à la première personne “Je vous demande des sacrifices”. Et pour un homme politique, annoncer que “… les problèmes succéderont aux problèmes”, c’est une habitude de transparence bien nouvelle.
Bien sûr, le message a ensuite été relayé par des tweets, des SMS, des ministres, des spécialistes.


> En entreprise, dans votre organisation, le choix du moment et de l’émetteur,

reste une décision à travailler avec soin. Une circulaire ne suffit pas toujours. Un mail n’est pas toujours adapté. E. Macron a choisi aussi

2. classique dans la mise en scène, pas de présence dans un hôpital par exemple, pas de tableaux, de chiffres en surimpression, de graphiques, etc. Ne pas détourner l’attention, ne pas « gadgétiser »la parole.

3. Le cœur du discours, ce sont de nouvelles mesures contraignantes. Le ton est donné. Le recadrage l’est aussi. Et on a ainsi entendu “… à ceux qui ont bravé les consignes”. Comment faire face à un ennemi quasi invisible, sournois, mortel. Les précédents en Chine, en Italie, étonnamment, ne semblent pas avoir marqué les esprits de nos compatriotes.
Le discours va alors trouver un équilibre complexe entre les comportements de bon sens “ne pas se faire la bise” et un « claim » simple, répété à l’envi “Nous sommes en guerre”. Hier ces formules auraient trouvé leur place dans un post du Gorafi. Aujourd’hui, les recommandations nous demandent de rester à la maison strictement.
Quel bouleversement en quelques jours. Comment imaginer hier que “… retrouver ses amis dans un parc” soit un moment fort d’un discours présidentiel. Le but ? Être bien compris par tous, donner des repères clairs, dire ce qu’il ne faut pas faire et ce qu’il faut faire. Avec simplicité et détermination : “… toute infraction sera sanctionnée”. Faire confiance, et faire contrôler.
Et en parallèle, donner aussi une vision moyen terme, répondre aux « Pourquoi », apporter des sources d’espoir.
Éclairé ce discours difficile, contraignant avec des signes positifs, “inventer de nouvelles solidarités” et bien sûr “avancer sur le vaccin”. Et de terminer sur une note grave “Nous gagnerons” et “Nous serons plus forts”. Enfin, à titre plus personnel, “je saurai aussi avec vous en tirer toutes les conséquences”.
> En entreprise, dans votre organisation, proposer ainsi court et moyen terme, efforts en toute transparence pour être crédible. Et jours meilleurs à venir pour chacun. E.Macron ajoute de plus la notion de ‘jour d’après’, de changement structurel, il parle de ‘moralement’ comme si nos corps, nos coeurs, nos interactions sociales de cette période allaient nous transformer. Une des origines de ‘Crise’ vient du grec ‘Krisis’, séparer, distinguer, choisir…
Proposez dans votre communication interne de crise des éléments factuels, n’éludez pas les difficultés, insérer de l’émotion, de la gravité sans excès. Et préparez bien sûr les réponses aux questions, les aspects pratiques, les suivis opérationnels avec le reste des équipes pour amplifier le message.

À nouveau, nous sommes de tout cœur avec les équipes sur le terrain qui soignent nos familles, ne comptent pas leurs heures. Et nous demandent de rester à la maison pour réduire la contamination et protéger les autres.

Heureux d’avoir partagé avec vous notre analyse sur ce discours d’E. Macron du 16 mars 2020, dans un objectif de bonnes pratiques en entreprises.

C’est bien sûr un instant unique, dramatique.

Avec les équipes A Conseil, nous sommes ouverts à échanger avec vous sur ces sujets, à partager les pratiques de communication interne de crise que vous avez eue à travailler de votre côté.

Vincent Onorato